Électromagnétisme: vers la preuve scientifique d'un danger pour l'homme et l'animal?
Une étude montrant un lien entre ondes électromagnétiques et morts inexpliquées de bovins apporte de l’eau au moulin d’un éleveur qui a perdu plus de 300 vaches en quatre ans.
On aurait pu prendre cet éleveur de vaches laitières à Allineuc, près de Loudéac dans les Côtes-d’Armor, pour un fou tellement ce qu’il a raconté semblait surréaliste. Mais une récente étude, menée par le comité scientifique d’une association française de défense de l’environnement, donne de solides raisons de penser que Stéphane Le Béchec, n’est pas un illuminé.
Cette étude est l’émanation d’un groupe indépendant, « toxSeek » doté d’un laboratoire de recherche de pointe, né de la rencontre entre un docteur en pharmaco-toxicologie, un chimiste, un spécialiste de la santé publique et un entrepreneur spécialisé en haute technologie.
Leur enquête, dont les premières conclusions ont été rendues le mois dernier, a eu pour objectif d’établir, d’une part, s’il existe une relation entre un risque électromagnétique élevé et une imprégnation toxique aux terres rares (métaux que l’on retrouve dans les aimants, téléphones, télévisions, etc.) chez les êtres humains.
Il s’agissait, d’autre part, de savoir si l’existence de cette relation peut être corrélée avec une baisse de la productivité des animaux étudiés et une ou des pathologies animales. Une dizaine d’exploitations agricoles ont été concernées par cette analyse, dont la ferme de Stéphane Le Béchec.
Celui-ci, qui affirme être lui-même devenu électrosensible, a perdu plus de 300 vaches en quatre ans.
“Et j’en ai encore perdu 14 de plus depuis juillet 2020”
Stéphane Le BéchecEleveur de vaches laitières à Allineuc.
La cause de cette effrayante hécatombe ? Pour lui, c’est sûr : l’électricité et les équipements qui émettent des ondes électromagnétiques près de son exploitation.
Comportement anormal des animaux, pathologies et morts inexpliquées, mais aussi absence de migrateurs ou d’escargots… L’éleveur a répertorié pas moins de 110 anomalies. « La présence de ce type de métal (les terres rares, N.D.L.R) peut aussi provoquer d’autres pathologies comme la leucémie », redoute-t-il.
Les scientifiques de toxSeek ont notamment pu observer que l’imprégnation toxique moyenne aux terres rares est sept fois plus élevée dans les exploitations soumises à un risque électromagnétique élevé et connaissant des problèmes sanitaires importants que dans les fermes témoins où ces problèmes sont inexistants.
Une donnée enthousiasmante quant à la compréhension du phénomène, mais qui demande encore à être « creusée » par la biologie médicale. Ce que compte désormais faire le laboratoire toxSeek, en lien avec des CHU.
Pour Stéphane Le Béchec, en tout cas, c’est une étape importante qui va se jouer dans sa lutte de longue haleine contre les émissions électromagnétiques. Reste à savoir si l’étude sera prise au sérieux par les autorités compétentes…
L’impact sur l’homme
Le collectif citoyen Coll’Air Pur a lancé une campagne d’analyses de cheveux le 16 septembre 2020 lors de la journée nationale de la qualité de l’air.
L’étude a porté sur 76 enfants et 6 adultes pour une recherche ciblée des métaux,métaux lourds et terres rares, réalisée par le laboratoire indépendant toxSeek.
Elle avait pour objectif de connaître l’impact de la pollution chronique de la vallée de l’Arve (Haute-Savoie), essentiellement sur les enfants.
Les 82 sujets de l’étude ont été comparés à une population témoin de 988 sujets adultes et enfants. Une contamination significative au cadmium a été constatée, 3 fois supérieure à la contamination de la population témoin, signant une toxicité chronique.
Des résultats inquiétants selon le Dr Mallory Guyon:
« Le cadmium est un métal lourd aux effets connus sur les poumons, les reins, les os, l’appareil cardiovasculaire, le cerveau et l’appareil reproductif. À des doses d’exposition chronique, c’est-à-dire en dessous des valeurs seuil, ce métal lourd aura un impact sur l’organisme à moyen et long termes. »
Dr Mallory GuyontoxSeek Urgence
Le comité scientifique toxSeek a identifié un profil de contamination aux métaux et terres rares qui pourrait être un bio-marqueur de l’Electro-Hyper-Sensibilité.
Cette contamination a été découverte dans le cadre d’analyses toxicologiques de métaux dans des cheveux, dans plusieurs contextes : cluster de cancers pédiatriques à Sainte-Pazanne ; exploitations agricoles à Nozay (Loire-Atlantique), en Bretagne et dans l’Aisne (homme et animal), personnes souffrant d’électro-hypersensibilité.
Le cheveu permet de connaître une contamination chronique à des polluants inorganiques (métaux, métaux lourds et terres rares) : 3 cm de cheveux permettent d’étudier 3 mois de contamination.
Stéphane Le Béchec en compagnie de personnes électro-hypersensibles lors d’un rassemblement en août 2019. (©Le Courrier Indépendant)
« Nous émettons une hypothèse faisant actuellement l’objet de recherches scientifiques : la contamination aux métaux (terres rares) pourrait être potentialisée par les champs électromagnétiques (effet antenne) »
Matthieu DavoliCo-fondateur de toxSeek et président de toxSeek urgence.
En une équation : contamination aux métaux (terres rares) + champs électromagnétiques = augmentation des effets et de la sensibilité, apparition de symptômes dermatologiques, neurasthéniques, maladies chroniques…
Cela serait dû aux propriétés magnétiques des terres rares, qui interagissent avec les champs électromagnétiques.